L’étude WHI de 2002 sur le THM (Women’s Health Initiative) a été conçue pour examiner l’efficacité d’un traitement œstrogène / progestérone et œstrogène seul pour les femmes ménopausées. Cette étude randomisée contre placebo impliquant plus de 16 000 femmes devait durer 8,5 ans mais a été interrompue au bout de 5,2 ans car les risques devenaient trop importants par rapport aux bénéfices du traitement.
Les conclusions de l’étude WHI de 2002 sur le THM
L’étude a défini que le traitement oestrogène / progestérone augmentait les risques de maladie coronarienne, de cancer du sein, d’AVC et thromboembolie veineuse. Les résultats de cette étude ont fait l’effet d’un pavé dans la mare et ont mené à l’arrêt net du traitement par de nombreuses femmes en France. Entre 2002 et 2012, la France a vu une diminution de 74% des prescriptions de THM8.
La controverse sur les résultats de l’étude WHI de 2002 sur le THM
Aujourd’hui, les conclusions de l’étude WHI 2002 sont remises en question sur plusieurs points.
La population des groupes d’études
Les femmes de l’étude ont commencé le traitement hormonal de la ménopause des années (environ 10 ans) après la ménopause et donc avaient subi une baisse d’œstrogène et de progestérone pendant des années avant de prendre le traitement qui augmentait leurs niveaux d’hormones3. Elles étaient donc par ailleurs plus âgées que les patientes moyennes en France (63 ans en moyenne2) et montraient un fort taux de surpoids, d’obésité (69%2) et diabète qui sont eux même un facteur de risque de cancer du sein et de maladie cardiovasculaire.
Fort taux d’abandon
Le taux d’abandon des participantes à l’étude a été très élevé pendant la 4ème et 5ème année ( 75%5) ce qui a participé à faire baisser la fiabilité de cette étude pourtant randomisée contre placebo et peut être favorisé l’arrêt rapide de l’étude.
Type de traitement utilisé
Les progestatifs utilisés dans les études anglo-saxonnes ne correspondent PAS aux progestatifs utilisés en France2.
Par ailleurs le traitement était le même pour toutes les femmes sans aucune personnalisation de la dose administrée.
Pseudo méaculpa de deux auteurs de l’étude
Les auteurs de l’étude eux même ont expliqué que n’ayant testé qu’un seul traitement, le résultat de l’étude n’est pas forcement applicable aux posologies plus faibles ou à d’autres traitements.
« Ces résultats sont inadéquatement utilisés pour prendre des décisions regardant le traitement des femmes de 40 / 50 qui souffrent de symptômes vasomoteur » (ndlr : bouffées de chaleur et suées nocturnes)
Ils déplorent par ailleurs la crainte qu’éprouvent aujourd’hui patientes et docteurs envers le THM permettent à des traitements alternatifs de s’imposer sur le marché.
« Le manque de formation et d’utilisation du THM a permis l’émergence d’un nouveau marché de traitement alternatifs non testé et non régulés,…, ce qui soulève des inquiétudes concernant l’efficacité et la sécurité des traitements »
Conclusion
Les résultats de l’étude WHI de 2002 ne sont donc plus acceptables aujourd’hui même s’ils ont permis une prise de recul sur le traitement, avec notamment l’idée de ne plus le souscrire automatiquement mais uniquement aux femmes en ayant besoin après l’étude du risque / bénéfice pour la patiente.
On peut encore regretter que cette étude serve encore notamment dans le cadre de meta-analyse comme celle du Lancet de l’été 2019.
Pour en savoir plus :
1 – GEMVI – Décembre 2011 – Le WHI 10 ans après http://www.gemvi.org/congres-session-64.php
2 – Journal de gynécologie obstétrique et biologie de la reproduction – octobre 2003 – https://www.em-consulte.com/en/article/114792
3 – Octobre 2006 – A critique of Women’s Health Initiative Studies (2002-2006) https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1630688/
4 – Human reproduction – Octobre 2003 – Issues to debate on the Women’s Health Initiative (WHI) study. Hormone replacement therapy: an epidemiological dilemma – https://academic.oup.com/humrep/article/18/10/1992/622704
5 – British Journal of General Practice – 2016- Best practice for HRT: unpicking the evidence – https://bjgp.org/content/66/653/597
6 – Association Francaise pour l’étude de la ménopause – WHI – http://www.menopauseafem.com/afem/index.php/articles-enquetes/128-whi-women-health-initiative
7 – The new englant journal of Medicine – Mars 2016 – Article « méaculpa » de deux auteurs de l’étude WHI – https://pdfs.semanticscholar.org/4715/52b8eaa7a4e234003d322db50f69e17d8178.pdf?_ga=2.154782462.718789728.1573139317-1159110686.1573139317
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