Qu’est ce que la descente d’organe ?
La descente d’organe c’est quand le périnée et les ligaments qui l’entourent ne font plus leur travail de « soutien des organes » et laissent glisser un, deux ou trois organes dans le vagin.
Trois organes principaux sont concernés par le prolapsus :
- La vessie (la majorité des cas), il s’agit alors d’un cystocèle
- L’utérus, c’est un hystérocèle
- Le rectum (assez rarement) : le rectocèle
La descente d’organe concerne 40% des femmes de plus de 45 ans mais seulement 10 à 15% des femmes sont gênées par leur prolapsus.1
Il existe plusieurs stades de la descente d’organe :
- Stade 1 : un organe descend dans le vagin mais le prolapsus reste souvent inaperçu par les femmes
- Stade 2 : l’organe atteint le niveau de la vulve mais ne sort pas
- Stade 3 : l’organe dépasse un peu par l’orifice vulvaire, on peut voir une petite boule.
- Stade 4 : l’organe sort totalement
Les causes de la descente d’organe
Il existe plusieurs facteurs à une descente d’organes
- Un mauvais patrimoine génétique, renseignez-vous pour savoir si d’autres personnes de votre famille ont eu ce problème (et oui c’est encore tabou mais il est temps que ça cesse de l’être)
- La grossesse surtout avec une forte prise de poids2
- L’accouchement, notamment les accouchements longs et difficiles avec utilisation d’instruments, deux ou il y a eu une poussée précoce ou une expression utérine (= pousser sur le ventre pour « aider » le bébé à descendre, une pratique déconseillée par la Haute Autorité de Santé)
- La non protection du périnée via : la pratique d’un sport de façon non adaptée avec pression au niveau de l’abdomen, le surpoids, la constipation / toux chronique, le tabac… voir l’article sur le périnée pour plus d’informations.
Les symptômes de la descente d’organe
Les symptômes sont variables d’une femme à l’autre. Certaines femmes vivront toute leur vie sans même savoir qu’elles ont une (petite) descente d’organes et d’autres seront gênées par un prolapsus de stade 1. Voici toute une liste de symptômes possibles :
- Sensation de boule au niveau du vagin
- Douleurs, gêne, poids ou sensation étrange au bas ventre…surtout en fin de journée
- Douleurs lors de rapports sexuels pénétratifs
- Fuite d’urine ou d’autres matières
- Constipation
Comment constater une descente d’organe ?
C’est un examen gynécologique qui permet de faire le diagnostic du prolapsus. Le ou la médecin.e pourra ainsi identifier l’organe concerné et l’importance de la descente (le grade).
Comment être proactive pour éviter une descente
Afin d’éviter la descente d’organe, plusieurs choses peuvent être mise en place, l’action la plus importante étant de prendre soin de son périnée. A ce titre, il est essentiel de faire les séances de rééducation du périnée en postpartum (100% pris en charge par la sécurité sociale) ou dès que l’on constate des fuites urinaires (même occasionnelles ou très légères).
D’autres recommandations générales pour le bon fonctionnement du périnée sont toujours valables :
- Lutter contre la toux et constipation chronique
- Arrêter le tabac
- Limiter le surpoids
- Faire des exercices physiques adaptées (quels exercices et quelle adaptation ? c’est une discussion à avoir avec votre kiné.e)
A ce titre, le suivi gynécologique est important car il permet de faire régulièrement le point sur la tonicité du périnée.
Que faire quand on a une descente d’organe ?
Avant tout, il est important de comprendre que selon le type de prolapsus, il est tout à fait possible de vivre avec à condition de mettre en place une bonne hygiène de vie pour ne pas empirer le problème.
Rééducation du périnée
La clef de tout consiste à faire les bons mouvements pour protéger son périnée : lors qu’on fait du sport, la posture, la respiration, les efforts…. Il est essentiel de comprendre et maitriser les pressions abdominales. Cet apprentissage peut être fait avec un.e kiné spécialiste du périnée ou une sage-femme pour les femmes ayant eu des enfants. En plus de travailler avec le spécialiste, celui-ci donnera des exercices à faire au quotidien pour que le corps réapprenne à se positionner correctement… à faire absolument.
Attention, la rééducation périnéale permet de maintenir la situation dans un status quo mais pas de corriger la descente d’organes.
Traitement local
Dans certains cas, l’utilisation d’un traitement local à l’oestrogène (de type de ceux utilisés dans le cadre du traitement du syndrome genito urinaire de la ménopause) peut permettre au vagin de retrouver une certaine tonicité, de limiter les irritations, d’aider au maintien du pessaire ou de préparer à la chirurgie.3
Utilisation de pessaire
Le pessaire un objet en silicone inséré dans le vagin pour soutenir les organes. Le pessaire peut être en forme de cube, d’anneau, de bol, de disque… Il peut être utilisé dans le cadre de petite descente d’organe ou en attendant une opération. Il peut être utilisé en permanence, le jour seulement ou uniquement dans le cadre de certaines activités physiques.
Pour en savoir plus sur le pessaire et son usage, une très bonne fiche pratique a été réalisée par le CHU de Montréal.
Si la situation est vraiment gênante pour la femme, qu’elle altère la qualité de vie ou pose un risque pour la santé, alors il reste la chirurgie.
Chirurgie
L’opération pour la descente d’organes est une intervention importante et présente, comme toute opération, certaines contre-indications.
Il existe deux opérations principales à choisir au cas par cas :
- La chirurgie par le ventre (laparoscopie ou cœlioscopie) où la mise en place d’une prothèse (en forme de filet) qui vient aider les ligaments à faire le travail de maintien des organes. Tres bonne fiche pratique sur cette opération par l’association française d’urologie.
- La chirurgie par le vagin (par voie basse / naturelle / vaginale) où ce sont les ligaments déjà en place qui sont réutilisés pour sécuriser la place des organes. L’association française d’urologie met à disposition une fiche pratique pour les femmes se préparant à avoir cette opération.
En fonction de l’importance du prolapsus et des choix des patientes, il est également possible de réaliser d’autres opérations comme l’hystérectomie ou l’occlusion vaginale 4 (oui la fermeture du vagin pour une femme à l’âge avancée et ne souhaitant plus avoir de relation sexuelle pénétrative).
Conclusion
La descente d’organe reste un sujet très tabou car intime… au même titre que la ménopause, les fuites urinaires ou la sécheresse vaginale. Il est cependant important d’en parler car c’est un problème assez fréquent chez la femme ménopausée. Comme toujours, une connaissance notamment en amont du prolapsus permettrait une meilleure protection du périnée et donc d’éviter la descente d’organe.
Enfin rappelez-vous que dans la majorité des cas, on vit bien avec une descente d’organe si on respecte quelques règles d’hygiène de vie.
Sources :
1 – Hôpitaux universitaires de Marseille – La descente d’organes – http://fr.ap-hm.fr/mise-en-avant/prolapsus-descente-d-organes#femmes-concernees
2 – Association française d’urologie – Cystocèle, le nombre de grossesse est il à prendre en compte ? https://www.urofrance.org/sites/default/files/fileadmin/medias/afu/communiques/2018-02-28_communique-cystocele-grossesse.pdf
3 – https://www.urofrance.org/base-bibliographique/prise-en-charge-du-prolapsus-genito-urinaire#N100BF
4 – Chirurgie occlusive vaginale sur le site UroFrance
Ameli – Dossier prolapsus génito-urinaire – https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/prolapsus-genito-urinaire
Merci à Julie Cant Kiné d’instagram pour la relecture