La sécheresse vaginale est un symptôme connu de la ménopause mais dont on parle trop peu et souvent mal. On en parle mal, car pour commencer, on n’utilise pas le bon nom qui est sécheresse vulvovaginale. Pire encore, on ne parle normalement plus de sécheresse vulvovaginale mais du syndrome genito-urinaire de la Ménopause car la sécheresse et l’atrophie vulvovaginale n’est qu’un des symptômes du SGUM.
Le symptôme surprise de la ménopause
Un des derniers symptômes de la ménopause qui se manifeste souvent après 60 ans. Si on voulait être correct, on dirait que la sécheresse vaginale est un symptôme de la postménopause. Selon les études 40 à 60% des femmes en postménopause en souffrent1 mais le chiffre peut tout à fait être sous-estimé : il suffit que les femmes n’en parlent pas et que leurs médecins ne posent pas la question pour ne pas avoir l’information. Une étude montre un taux de 90% après examen clinique chez les femmes en post ménopause!2
Attention, la sècheresse vaginale n’est pas l’apanage des femmes postménopausées, il est possible d’en souffrir dès la périménopause et même avant (post grossesse, pilule,…).
Qu’est-ce que la sécheresse vaginale ?
La sécheresse vaginale évolue souvent en atrophie vaginale et contrairement à ce que son nom indique, cela ne concerne pas que le vagin mais également la vulve. L’atrophie vaginale peut rendre très douloureuse la pénétration ou l’insertion d’un spéculum et même mener à une presque disparition des lèvres.
On observe aussi fréquemment en parallèle des problèmes urinaires comme des infections urinaires, un besoin d’uriner plus fréquemment ou besoin d’uriner la nuit.
Manifestations de la sécheresse vaginale
La sécheresse vaginale se manifeste par des douleurs, irritations, sensations de brûlures, douleurs pendant les rapports sexuels, saignements après les rapports sexuels. Ces symptômes peuvent empirer et la douleur peut ensuite empêcher la pratique de certaines activités ou gestes simples : monter à cheval, s’assoir, porter des sous-vêtements / vêtements…
Une sensation d’inconfort vaginal ou de perception différente n’est pas lié à l’âge, c’est un symptôme dont vous devez parler à votre médecin.
Attention la sécheresse et l’atrophie vaginale ne s’arrête pas, seul un traitement permet d’améliorer (dans une certaine mesure) ou de stopper l’évolution.3
Comment traiter la sécheresse vaginale ?
Avoir une bonne hygiène de vie
Le tabac contribue à la sécheresse vaginale.
Une hygiène trop agressive, comme par exemple des toilettes avec des produits au PH trop élevé ou contenant des parfums, peut également favoriser la sécheresse vulvovaginale.
Autre chose à éviter de faire : les douches vaginales qui perturbent la flore vaginale.
Utiliser une crème hydratante et du lubrifiant
De même qu’on utilise une crème hydratante pour le visage, il existe des crèmes hydratantes pour la vulve. Comme pour les crèmes hydratantes du visage, chaque femme à ses préférences, il faut tâtonner avant de trouver la bonne. Vous pouvez aussi demander conseil à votre pharmacien.
Pour les relations sexuelles, l’utilisation de lubrifiants peut être une solution. Attention à prendre un lubrifiant à l’eau si vous utilisez des préservatifs.
Traitement local à l’œstrogène
La sècheresse vaginale est due à un manque d’œstrogène, il est donc possible de contrebalancer cet effet en appliquant de l’œstrogène directement sur la zone touchée. L’œstrogène local n’est pas un traitement hormonal de la ménopause et peut être pris pendant très longtemps. Une application annuelle de traitement local oestrogénique correspond à la dose d’une tablette de THM. Ce traitement est uniquement disponible avec une prescription et se présente sous forme d’ovule, crème ou anneau. Pour des questions pratiques (traitement qui coule), l’anneau semble être le mieux accepté.
En France, il y a encore controverse pour savoir si le traitement peut être proposé aux femmes avec un antécédent de cancer du sein ou de cancer de l’endomètre mais globalement la tendance progresse vers la possibilité d’un traitement même avec antécédent, bien sûr après discussion avec son équipe médicale et en fonction de chaque femme.4
Les effets du traitement se font sentir après environ 2/3 mois. Si ce n’est pas le cas, il faut retourner voir son médecin pour 1) modifier le dosage du traitement ou 2) rechercher une autre possibilité de cause du problème.
Le traitement ne doit pas être interrompu et doit être pris à vie. L’interruption du traitement mènera à un retour des symptômes.3
Traitement laser
Le traitement Mona Lisa Touch propose de créer des petites lésions sur la vulve et le vagin, via un système de laser, pour que la peau en se reconstruisant soit plus riche en collagène et acide hyaluronique (qui fait la souplesse des tissus).
La sécheresse et l’atrophie vaginale sont des conditions qui méritent d’être mieux connues, mieux reconnues et mieux traitées. Au moindre problème parlez en à votre médecin sans attendre (une étude anglosaxonne montre que les femmes attendent plusieurs années avant d’oser l’évoquer) afin d’arrêter dès maintenant son évolution. Si après votre rendez-vous, votre médecin ne vous propose aucune solution, allez voir un autre médecin : votre bien être et votre santé doivent être pris au sérieux.
Pour vérifier l’état et l’évolution de votre vulve / vagin, pensez à observer régulièrement votre vulve pour remarquer immédiatement tout changement.
Pour en savoir plus :
1 – The Recent Review of the Genitourinary Syndrome of Menopause – Journal of menopause medecine – Août 2015
2 – The European Vulvovaginal Epidemiological Survey (EVES): prevalence, symptoms and impact of vulvovaginal atrophy of menopause. – Juin 2018
3 – Genitourinary syndrome of menopause: Underdiagnosed and undertreated – Contemporary Ob/GYn – Juillet 2018
4 – Conséquences des traitements des cancers chez la femme ménopausée – GEMVI – novembre 2018
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