Les derniers articles sur les dangers du traitement hormonal de la ménopause sont alarmistes et prédisent un cancer du sein à quiconque en prendra1. Voici quelques éléments pour garder ses distances et vous permettre de prendre une décision informée.
Une étude observationnelle
L’étude en question n’est pas une nouvelle étude contrôlée et randomisée contre placebo, c’est une étude qui se base sur les anciennes études ayant déjà été réalisées (cad celles qui faisaient déjà mention d’un risque accru de cancer du sein.) Ces études ne prennent pas en compte les nouvelles pratiques mises en place suite aux dernières études (par exemple, éviter le plus possible de donner des traitements d’œstrogène en pilule mais préférer le patch ou le gel.)
Rien qu’un lien statistique
Un lien statistique ce n’est pas un rapport de cause à effet et ce n’est pas moi qui le dit :
- Article Le Figaro Santé : « Le rapport publié ce vendredi est composé d’études observationnelles, qui mettent en évidence un lien statistique mais ne démontrent pas de lien de cause à effet entre le cancer des femmes concernées et le traitement suivi. »
- Article Le Parisien : « elles mettent en évidence un lien statistique mais ne démontrent pas de lien de cause à effet entre le cancer des femmes concernées et le traitement suivi. »
Tous les types de THM ne sont pas concernés
Les gels au œstrogènes pour application locale ne sont pas concernés par ces résultats OR c’est précisément ce type de THM que l’on recommande de prescrire en priorité aux patientes (notamment à cause des résultats des différentes études sur le THM…)
Les études ne prennent pas en compte les biais indirects
Pendant la ménopause, de nombreuses femmes prennent du poids et peuvent même diminuer leur activité physique ou consommer plus d’alcool pour annihiler les symptômes de la ménopause. Or le surpoids, l’alcool et le manque d’activité physique sont en eux même des facteurs augmentant les risques de cancer.
Les études ne rappellent pas les bienfaits des THM
Hormis les effets positifs sur les symptômes de la ménopause, les THM permettent de diminuer le risque d’ostéoporose, de problème cardiaque et de dépression. Peu de gens savent qu’il y a aujourd’hui huit fois plus de femme qui meurent d’un accident cardiovasculaire (difficilement traitables) que de cancer du sein (plus facilement traitable.)2
Alors oui, le titre suivant « Le traitement hormonal de la ménopause augmente bien le risque du cancer du sein » génère probablement beaucoup de clic mais il est trompeur et alarmiste. IL ne sert à rien de paniquer les femmes avec ce genre de titre, il faut au contrainte continuer d’informer le plus possible sur les avantages et inconvénients de chaque solution afin que les femmes qui puissent prendre des décisions en comparant les risques et bénéfices de chaque option.
J’en profite pour vous recommander de consulter l’excellente infographie sur le THM et le cancer du sein réalisée par la British Menopause Society.
A chaque femme sa ménopause, à chaque femme son traitement.
Edit : suite à la publication de tous ces articles alarmistes, des médecins anglais se manifestent et expliquent pourquoi le communiqué de presse publié par le Lancet « est irresponsable et qu’il entraînera sans aucun doute une baisse de l’utilisation du THM plongeant des milliers de femmes dans une vie de misère et, pour autant que nous sachions, raccourcira la vie de millions de personnes à travers le monde. »
Edit du 31 août : lisez la traduction complète du professeur Michel Baum face à l’étude Lancet dont il juge les conclusions alarmistes et dangereuses.
Pour en savoir plus :
1 Menopausal hormones : definitve evidence for breast cancer – The lancet – 30 août 2019 – https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(19)31901-4/fulltext
2 Maladies cardiovasculaire chez les femmes – Axa Prevention – Avril 2019 – https://www.axaprevention.fr/conseils-internet/maladie-cardiovasculaire-femmes
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Ping : Réponse d'une sommité spécialiste du cancer du sein aux conclusions de l'étude Lancet - LA MENOPAUSE