Quand avez-vous pour la première fois soupçonné que vous étiez en périménopause et pourquoi ?
Il y a quatre ans, je me suis réveillée en pleine nuit avec une sensation d’étouffer. Sur le moment, je n’ai pas identifié le symptôme, mais quand ça s’est reproduit, j’ai fini par comprendre que c’était des bouffées de chaleur. J’avais 47 ans.
Avez-vous pris rendez-vous avec votre médecin traitant ou votre gynécologue ?
J’en ai parlé à mon généraliste, ma gynéco et mon endocrinologue (je suis suivie après une opération de ma thyroïde). Cette dernière m’a prévenu que l’absence de thyroïde allait amplifier les symptômes.
Que connaissiez-vous de la ménopause ?
Franchement pas grand-chose ! Ma mère m’a toujours dit avoir été en pleine forme entre 50 et 60 ans, je ne m’inquiétais donc pas beaucoup. Quand je l’ai ré-interrogée par la suite, elle m’a précisé avoir pris un traitement hormonal pendant 10 ans ! Elle était du coup en pleine forme, avec des cheveux superbes..
Quels ont été vos symptômes de périménopause ?
A ce jour, de façon fractionnée et par vagues, à peu près tous (sauf la prise de poids) : fatigue, coups de pompe, insomnie, bouffées de chaleur, irritabilité, déprime,…
Quelle aide, quels conseils, quel traitement avez-vous eu de votre médecin ?
A peu près aucun. Ils m’ont parlé du traitement hormonal, mais aussitôt après des risques de contracter un cancer du sein. Ce qui m’a le plus surprise, c’est justement cette absence d’information, de prévention, de proposition, d’alternative à ce traitement. Les médecins que j’ai consulté m’ont écoutée avec un regard légèrement compatissant, et tenu en substance ce langage : « c’est un mauvais moment à passer, il faut vous armer de courage, mais nous n’avons rien à vous proposer pour vous soulager. »
Avez-vous trouvé des solutions personnelles pour gérer au mieux vos symptômes ?
Je cherche, je cherche. Puisque je n’ai eu que peu de réponses des médecins, et pas de prise en charge globale, j’ai lu des articles, consulté des forums sur Internet, j’en parle autour de moi. Plantes, homéopathie, je teste encore.
A posteriori, pensez-vous avoir été suffisamment informée en amont pour gérer au mieux cette période de votre vie ?
Non absolument pas et ce silence m’a mise très en colère.
Pensez-vous que vos symptômes ont interféré avec :
– votre travail ? par moments, je suis en incapacité de travailler pendant quelques jours. Heureusement, je suis indépendante, je m’organise..
– votre couple ? mon mari est incroyablement gentil et patient. Quand je suis grognon et un peu agressive, je le préviens, pour qu’il ne le prenne pas pour lui. On arrive même à en rire et c’est un excellent remède. En plus, ça me soulage de ne pas entrer dans le stéréotype de la « vieille femme acariâtre ».
– votre vie sociale ? Quand je suis à plat, une soirée entre amis est aussi un bon remède. Le seul écueil, c’est le petit verre de vin qui fait du bien sur le moment, mais qui comme tout excitant est souvent déclencheur de bouffée de chaleur…
– vos relations avec les autres ? Certains symptômes cassent ponctuellement confiance et estime de soi.
Avez-vous eu des périodes dépressives ? Si oui, comment avez-vous géré ?
Il y a quelques jours, en rentrant de vacances, j’avais de fortes bouffées d’angoisse. Pour la seconde fois en 4 ans, j’ai pris un quart de Lexomil pour stopper la spirale et dès le lendemain, ça allait mieux. En temps normal, j’essaye de mettre de la distance quand je ressens ces symptômes de déprimes ou d’anxiété, je fais de la méditation et du yoga. J’essaye de provoquer des moments où je pourrais rire. Le rire est très libérateur.
Avez-vous échangé avec vos ami(e)s / proches sur vos problèmes liés à la ménopause ?
J’en parle autour de moi, surtout quand je ne suis pas bien. Je n’ai pas envie de mentir, donner des explications plus convenables. Du coup, j’en ai parlé assez librement à mes amies, mais aussi aux femmes des générations précédentes pour connaître leur expérience. Quand j’ouvre le sujet, elles me regardent d’abord avec surprise, comme si j’avais rompu un charme, et puis avec un certain soulagement, elles me confient : « oui, moi aussi… ». Et j’entends ensuite le récit de leurs souffrances physiques et/ou psychiques. J’ai ainsi appris cet été de ma belle-mère que les effets de la ménopause étaient apparus après la fin de son traitement hormonal. Il n’avait fait que les repousser.
Avez-vous des astuces et conseils pour les femmes qui vont entrer en phase de ménopause ?
Parlez-en autour de vous ! Interrogez vos mère, belle-mère, amies pour identifier les troubles à leur apparition et informez-vous sur ce qui les a soulagées. Le savoir et l’expérience ne sont pas forcément à chercher auprès du corps médical. Mais si vous avez un super médecin, ouvert et pro-actif sur le sujet, n’hésitez pas à communiquer ses coordonnées !
Où en êtes vous aujourd’hui par rapport à la périménopause / ménopause ?
J’en ai marre de subir les symptômes en me disant que ça va passer. Je veux maintenant intégrer cet épisode à ma vie de façon plus positive en cherchant des remèdes et des soutiens qui me soulagent vraiment.
Autre remarque ?
La ménopause est un des derniers gros tabous de notre société, elle touche toutes les femmes à un moment de leur vie, avec des degrés différents, mais souvent très incapacitants. Pourquoi n’y a-t-il aucune politique de santé publique sur la ménopause ? Pourquoi aucun message public de prévention et d’information ? Pourquoi très peu de réponses pour soulager tous ces maux qui nous handicapent au quotidien et parfois pendant de longues années ? Pourquoi aucune prise en charge globale ?
Je suis convaincue que ce tabou autour de la ménopause va se lever dans la prochaine décennie. Votre site et compte instagram sur la ménopause en sont un signe. Merci pour ce que vous faites, nous en avons toutes besoin. Et j’espère que les influenceuses quadras vous suivront de près pour faire bouger notre société
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