La semaine dernière, Ali Rebeihi recevait Marie Veluire et Danielle Hassoun (gynécologues / sexologue), Cécilne Charlap (sociologue) et Caroline Gayet (diététicienne, nutritionniste, phytothérapeute) pour parler de la ménopause dans « Grand bien vous fasse! »
Décryptage !
Définition
Les médecins expliquent à quoi correspond la ménopause et précisent que les symptômes peuvent être ressentis des années avant la ménopause. Elles précisent qu’il ne s’agit pas d’une maladie de carence. La définition de ménopause en tant que maladie de carence est apparue en même temps que la recherche sur les hormones. « Les labos voulaient caser les hormones. On a décidé qu’une femme sans hormone n’était plus une femme et qu’en lui redonnant des hormones, elle redevenait femme. »
Les facteurs d’accélération de la ménopause
A la question : qu’est ce qui fait qu’une ménopause peut arriver plus tôt, une seule réponse : le tabac. Les femmes qui fument sont ménopausées deux ans plus tôt. A noter que le facteur génétique joue son rôle dans l’âge de la ménopause.
L’absence de formation du corps médical
Deux constats :
– la physiologie est apprise et étudiée à partir du corps masculin, ce qui est dommage (pour ne pas dire autre chose) étant donné que le corps féminin, de part sa gestion du système reproductif et de fonctionnement hormonal, est beaucoup plus complexe.
– peu de temps est consacré aux spécificités de la femme (hormones, contraception, ménopause) et ceci même en gynécologie. NDLR : et ça fait peur d’entendre ça !
Évolution sur le ressenti
En 20 ans, les gynécologues notent une grosse différence. Il n’y a plus de honte de la ménopause, les femmes sont fières de leur féminité, sereines. Aujourd’hui, les femmes travaillent et la vraie rupture consiste au passage en retraite.
Les symptômes
Ali se demande s’il faut vraiment parler de symptômes ? Ce à quoi les médecins répondent « Oui, ce sont plein de symptômes particulièrement désagréables et pas facile à vivre notamment en périménopause. »
Oui, il y a vraiment des symptômes ce ne sont pas des désagréments
Elles rappellent que normalement lorsque la ménopause est installée, les symptômes se calment (cf schéma sur l’évolution des symptômes à la ménopause sur la page symptômes). Et préviennent en revanche, que après 5 ans de méno sans aucun traitement, il y a inéluctablement un vagin asséché qui s’atrophie mais qu’il existe un traitement sans risque qu’il convient de prendre avant qu’il soit trop tard. C’est pourquoi il est important de parler de tout avec le médecin car très souvent celui-ci ne pose pas la question.
L’origine des bouffées de chaleur pendant la ménopause
La réponse est simple : on ne sait pas.
NDLR : on peut regretter qu’un symptôme incommodant qui affecte 60% des
femmes reste si mal connu.
Le Traitement Hormonal de la Ménopause
Le traitement hormonal de la ménopause THM fonctionne bien sur les bouffées de chaleur, les suées nocturnes et les douleurs articulaires. Le THM n’a aucun effet sur le vieillissement.
Le THM peut être pris pendant aussi longtemps que nécessaire si cela améliore la qualité de vie. Pour savoir s’il est possible d’arrêter le traitement, il suffit de faire une fenêtre thérapeutique où le traitement est arrêté pendant quelques temps pour voir si les symptômes reviennent ou pas. Attention, chaque femme est unique il y a autant de traitement que de femme.
Quels sont les risques du THM
Une très faible augmentation du risque du cancer du sein et des maladies tromboemboliques lors de la mise en place du traitement mais également une diminution du cancer du colon.
Le dosage hormonal
Les dosages hormonaux en période de périménopause et ménopause (FSH) ont peu d’intérêt sauf peut être pour les femmes qui n’ont plus d’utérus ; car ils sont non prédictifs.
THM et le tabac
Le THM ne contient pas les même oestrogènes que la pilule et il n’y a donc pas de contre indication entre tabac et THM.
Rappel : les oestrogènes de la pilule sont oetinil oestradial qui a un effet délétère sur le plan cardiovasculaire. Les oestrogènes du THM, le 17 beta oestradiol, est dit naturel.
Les solutions naturelles phytologiques
Caroline Gayet intervient pour présenter des solutions naturelles qui « donnent de bons résultats » mais les deux gynécologues avancent leurs arguments :
– Il n’y a aucune étude sur les effets sur les symptômes ni sur la qualité de vie des produits proposées aux femmes ménopausées ou en périménopause.
– Les bons résultats peuvent être attribués à l’effet placebo ( rappel : 30% d’efficacité)
– Les produits phytoeostrogènes agissent sur les mêmes récepteurs que les THM donc en l’absence d’étude ces produits présentent les mêmes contre-indications que le THM.
– En France, il n’y a pas de problème de carence, donc pas besoin de complément alimentaire et le plus important reste l’hygiène de vie.
– Le seul produit qui aurait une action bénéfique (une petite étude dans ce sens) est le pollen pour les bouffées de chaleur.
Conclusion
Au final une super émission d’utilité public qui fait passer les messages principaux :
– les symptômes de la ménopause se manifestent avant celle-ci, soit vers 45 ans environ
– les symptômes incluent, certes bouffées de chaleur, sueurs nocturnes et sautes d’humeur mais aussi douleur articulaire, humeur dépressif….
– la prise de THM doit être étudié pour chaque femme en gardant toujours en tête la balance risques / bénéfices.
– les risques du THM sont très faibles et contrebalancés par d’autres bénéfices.
– certains effets de la ménopause sont inéluctables (sècheresse et atrophie vaginale) et il faut en parler à son médecin car des solutions existent.